L'Afrique doit impliquer les jeunes et les femmes dans les chaînes de prise de décisions dans le domaine agricole et foncier.
Abidjan (Côte d'Ivoire), le 27 novembre 2019 – En marge de la 3ème Conférence biennale sur les politiques foncières en Afrique organisée par le Centre Africain sur les Politiques Foncières, la Coalition Internationale pour l’Accès à la Terre (ILC) en partenariat avec le Global Land Tool Network (GLTN), ont tenue une session parallèle qui a discuté de la manière dont l'inclusion des jeunes et et des femmes dans les processus de prise de décision en matière agricole et foncière pourrait favoriser la transparence et la gouvernance responsable en Afrique.
Les discussions ont réuni un panel d'experts fonciers, des femmes et des jeunes, possédant une vaste expérience dans le secteur.
Des outils pour évaluer l'engagement des jeunes dans le secteur foncier
Ombretta TEMPRA, responsable des établissements humains à ONU-Habitat / Global Land Tool Network, a expliqué comment la participation des femmes aux processus de prise de décision peut faire progresser la gouvernance foncière. Dans sa présentation, elle a d'abord expliqué pourquoi la terre est importante pour les jeunes africains et les défis auxquels ces derniers sont confrontés pour accéder, posséder et contrôler les ressources foncières. Elle a particulièrement insisté sur les outils et approches d'intervention pour garantir les droits fonciers des jeunes et a discuté des critères développés par GLTN pour faire en sorte que les interventions publiques et privées dans le secteur foncier soient davantage sensibles aux jeunes. Ces critères permettent d’évaluer la capacité des initiatives, des politiques et des projets fonciers à répondre aux besoins et aux préoccupations des jeunes par rapport à la terre.
Omar SYLLA, en tant que responsable de l’ONU-Habitat / Global Land Tool Network (GLTN) a expliqué comment GLTN a développé d’autres outils tels que le modèle de la tenure sociale, le mécanisme de réajustement participatif et inclusif des terres, l'initiative des indicateurs fonciers mondiaux et le financement foncier sont utilisés pour donner aux femmes et aux jeunes l'accès à la terre.
L'accès des jeunes et des femmes aux ressources foncières est fondamental pour le développement de l'Afrique
M. Ahmed BENING, Secrétaire général adjoint de l'Union panafricaine de la jeunesse, a partagé l'expérience des jeunes à travers le continent et a discuté de l’engagement des jeunes dans l'agriculture dans le cadre de l’Agenda 2063 de l'Union africaine. Selon M. BENING, les dirigeants africains doivent aller au-delà de l'accès des jeunes à la terre et aux ressources naturelles pour créer un environnement propice à l’utilisation efficace des terres. Bien que les dirigeants africains incitent souvent les jeunes à développer l’agriculture, beaucoup n’ont pas accès à la terre et sont souvent exclus des processus de gouvernance. M. BENING plaide à l’endroit des gouvernements africains pour qu’ils dégagent plus de place aux jeunes dans les processus de prise de décision sur la terre car l'accès des jeunes à la terre peut contribuer à stopper la migration, réduire les conflits et permettre le développement de l'agriculture.
Du côté de l'ILC, Dr Ibrahima KA a partagé des outils et initiatives développés par l'ILC pour soutenir l'inclusion des femmes et des jeunes dans le secteur foncier. Il s'agit notamment de la Charte africaine de justice pour le genre de l'ILC, de l'engagement de l'ILC en faveur de processus décisionnels inclusifs et de l'outil de suivi de la gouvernance foncière, LANDex.
La session parallèle a également mis en évidence un certain nombre d’enseignements, notamment:
- Selon les récentes projections de l'ONU, le continent verra doubler sa population d'ici 2050, passant d'un milliard de personnes aujourd'hui à près de 2,4 milliards, avec un taux d'urbanisation exponentiel qui est passé de 14% en 1950 à 40% en 2018 et si la tendance continue, les projections moyennes montrent que le nombre de la population urbaine en Afrique passera de 400 millions en 2018 à 1,2 milliard en 2050. La structure de la population est dominée par les jeunes. La moitié de la population a moins de 25 ans, ce qui pose la question urgente de la capacité du continent à bénéficier de cette dividende démographique, d'autant que la jeunesse est à la fois un atout mais aussi une menace. Les chiffres de la Banque mondiale montrent que les jeunes représentent 60% des chômeurs en Afrique. La population croissante de jeunes du continent est un énorme potentiel que les leaders africains doivent exploiter.
- L'agriculture est l'une des solutions à explorer car le secteur agricole peut être une énorme opportunité de création d'emplois, directement et indirectement. Cependant, des contraintes existent encore pour que l'agriculture joue son rôle de rampe de développement: accès et contrôle des terres, accès au crédit, etc.
- Des outils et des approches sont développés pour mieux intégrer la question du genre et de la jeunesse dans les politiques de développement.
Les participants ont tiré des leçons et partagé des recommandations. Victoria Stanley, spécialiste principale du développement rural à la Banque mondiale, a insisté sur "la participation des jeunes à la prise de décisions dans le secteur agricole et foncier" . Elle a estimé que les jeunes africains peuvent aider le continent à atteindre l’émergence s’ils ont accès à la terre et aux ressources naturelles.
La session s'est terminée par un consensus sur le fait que l'Afrique doit impliquer les jeunes et les femmes dans les chaînes de décision agricoles et foncières afin de refléter leurs aspirations et besoins spécifiques.