Douze ans se sont écoulés depuis que la République Démocratique du Congo (RDC) a ratifié la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Cependant, le pays n'a pas encore élaboré une feuille de route pour la mise en œuvre de ces engagements, laissant les peuples autochtones vulnérables aux violations de leurs droits. Les femmes pygmées sont un groupe qui se sentent plus vulnérables au risque de perdre leurs environnements et leurs moyens de subsistances.
Bien que les efforts de la société civile aux niveaux national et international pour promouvoir les droits des peuples autochtones aient connu un certain succès ces dernières années, les femmes autochtones se sentent toujours exclus sur tout le continent africain.
Lorsque les peuples autochtones, Ogiek Peoples ont remporté le procès historique contre le gouvernement du Kenya en 2017, sa victoire a été célébrée au-delà du pays. Ce cas d’école montre que les que les groupes autochtones pouvent gagner des batailles juridiques et mener une vie meilleure dans leur environnement naturel sans crainte. C'est pourquoi à la suite de cette victoire, avec le soutien de l’ILC, une réunion de partage des connaissances a été organisée au Botswana du 18 au 23 mars 2019. L'un des enseignements clés de ce partage était l'importance des femmes dans les communautés autochtones et leur rôle dans les campagnes en faveur des droits fonciers.
C’est pourquoi, lorsque le Comité du Convention des Nations Unies sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) a lancé un appel pour un Rapport alternatif des violations des droits des femmes en RDC, le Programme Intégré pour le Développement du peuple Pygmée (PIDP) au Kivu a saisi l’occasion pour élaborer un rapport. Avec le soutien de l'ILC, le PIDP a travaillé avec des groupes de femmes autochtones à travers la RDC et a élaboré un rapport présentant la situation des femmes autochtones Pygmées le pays.
Le rapport a été présenté au Comité CEDAW le 9 juillet 2019. Diel Mochire Mwenge, directeur provincial du PIDP et enquêteur principal pour le rapport alternatif, a présenté les conclusions à un auditoire composé de journalistes, de groupes de la société civile et d'agences du système des Nations Unies. D'après le rapport, ces recommandations ressortent :
- Pour soutenir les femmes autochtones et leurs communautés, il recommande au pays d'établir un cadre national spécifique pour coordonner la mise en œuvre des droits des peuples autochtones pygmées en RDC ;
- Rendre le processus de mise en œuvre des droits des peuples autochtones plus inclusif pour engager les provinces ;
- Renforcer la participation de la presse aux niveaux provincial et local en les formant à la rédaction de reportages sur les Pygmées et les femmes autochtones ;
- Renforcer les relations de travail avec les administrations provinciales qui mettent en place des mesures pour permettre aux Pygmées de jouir de leurs droits.
Après la présentation, le Comité du CEDAW a également noté que, mis à part quelques jalons indiqués ci-dessus, le rapport déposé par le gouvernement de la RDC sur les mesures adoptées pour éliminer la discrimination à l'égard des femmes n'avait pas mis en lumière le sort tragique des femmes pygmées autochtones en RDC.
L'une des principales faiblesses du rapport gouvernemental est l'absence de statistiques sur les victimes de violence, l'état de discrimination sociale, l'exclusion et la marginalisation historique des femmes autochtones pygmées.